LIVRES

Ici nous parlons de livres récemment publiés, mais pas seulement. Un livre publié il y a déjà quelques temps, mais encore disponible, y aura sa place aussi. Tout comme un livre ancien, qu’on n’aura guère de chance de se procurer que sur des sites spécialisés ou aux puces. Ici, donc, c’est le livre photo qui est roi, et la photographie suisse qui est reine!

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Editions Georg / 2020

Photographies: Pierre-Emmanuel Fehr

Textes: Isabelle Guisan

Préface: Yannis Youlountas

Prix: 35.- CHF

«Atoma. Une jeunesse grecque»

«Atoma. Une jeunesse grecque» est né de la rencontre entre le photographe genevois Pierre-Emmanuel Fehr et l’auteure gréco-suisse Isabelle Guisan. Lui en images, elle en mots brossent le portrait d’une jeunesse qui cache ses difficultés en continuant malgré tout de sortir le soir ou de faire la fête. Les photographies de Pierre-Emmanuel Fehr sont d’ailleurs très majoritairement des prises de vues nocturnes, dans lesquelles les flous, les bougés, le gros grain des négatifs argentiques et les lumières des néons ou de la lune s’allient pour donner à l’atmosphère quelque chose d’insaisissable et de trouble. L’ensemble en somme, se déroule comme un rêve, ou comme un carnet de notes composé de sensations. Les textes d’Isabelle  Guisan, regroupés dans la seconde partie du livre, sont autant de tranches de vies, de moments saisis dans la rencontre de destins chaque fois différents, mais finalement soumis tous à une même crise sanitaire, économique et civilisationnelle. Alors que Pierre-Emmanuel Fehr nous livre une vision aux contours indéfinis de la jeunesse grecque, Isabelle Guisan met de la netteté dans les portraits qu’elle brosse, les ambiances qu’elle saisit et les impressions qu’elle nous livre. Deux regards très différents, donc, et qui s’enrichissent mutuellement. (Christophe Fovanna)

«Atoma. Une jeunesse grecque» © Pierre-Emmanuel Fehr
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Editions Till Schaap / 2018

Photographies: Patrick Gilliéron Lopreno

Préface: Slobodan Despot

Prix: 42.- CHF

«Eloge de l’invisible / Lob des Unsichtbaren»

Qu’est-ce qu’on voit quand on prend une photographie, et qu’est-ce qu’on montre quand on la donne à voir? C’est en somme la question essentielle, mais en vérité personne ne sait répondre à de telles questions. Ou plutôt. Chacun pourrait y répondre à sa manière, parce que le regard de chacun est différent de celui des autres. C’est peut-être cette impossibilité à répondre qui pousse le photographe genevois Patrick Gilliéron Lopreno à intituler son livre «Eloge de l’invisible». Dans une photographie, le hors champ, le non-dit, l’intentionnalité, le cadrage ou le hasard sont autant de facteurs que le photographe pense parfois maîtriser, mais qui échappe complétement à la lecture du regardeur. Tenez: la première image de ce livre est un paysage urbain hivernal, montrant une multitude de rails de chemins de fer sous la neige, et enveloppés dans une sorte de brume. C’est une photo en noir et blanc. La seule du livre! Et c’est celle qui a été choisie pour la couverture! C’est un signe qu’il ne faut pas être dupe. Que ces rails ne vont peut-être pas nous emmener là où l’on pense. Toutes les photographies qui vont venir (et qui s’enchaînent dans ce qu’on nomme précisément le «chemin de fer» du livre) seront comme des gares où l’on aura le temps d’arrêter son regard. Et nous aurons tout loisir de rêvasser dans l’entre-deux. L’invisible pointera alors peut-être son nez pour donner sens à ces photographies en révélant le fil d’Ariane qui les lie secrètement. (Christophe Fovanna)

«Eloge de l’invisible / Lob des Unsichtbaren» © Patrick Gilliéron Lopreno
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Yoshiko Kusano, Caroline Minjolle et Francesca Palazzi éditrices / 2020

Photographies: Collectif de 32 photographes femmes et non-binaires

Textes: Divers textes de féministes et propos des photographes

Prix: 34.- CHF

«NOUS. Au cœur de la grève féministe»

Le 14 juin 2019, la Grève féministe enrobe la Suisse de violet et marque les esprits par son ampleur inédite en terres helvétiques. Nul doute que ce moment prendra place dans l’histoire de notre pays qui, rappelons-le, a attendu 1971 pour accorder le droit de vote aux femmes. Un collectif de 32 photographes femmes et non-binaires s’est constitué pour immortaliser cette journée mémorable. Un bref récit de chacun de ces témoins raconte l’état d’esprit dans lequel a été vécue cette journée si particulière. Récits complétés par les témoignages de six personnalités féministes. Cet ensemble donne «NOUS. Au cœur de la grève féministe», un livre important (publié en français et en allemand) parce qu’il empêche qu’un jour on ne raconte ce moment que du point de vue des hommes qui en ont rendu compte. Difficile aujourd’hui, sans recul, d’affirmer que les photographies présentées dans ce livre sont clairement différentes de celles qu’un photographe homme a pu faire. Difficile aussi de dire que le regard d’un ou d’une photographe puisse être genré ou non. Quoi qu’il en soit cette réflexion devra une fois ou l’autre être faite. Ne serait-ce que pour remettre le fait de photographier à la place où il doit être, sans considération sur le sexe de qui presse sur le bouton, ou, du moins, en considérant que le genre n’influence en rien la valeur de qui photographie. (Christophe Fovanna)

«NOUS. Au cœur de la grève féministe» © Annette Boutellier