«Roger Humbert, unentwegte Forscher des Lichts»

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Roger Humbert widmet sich schon fast sein ganzes Leben lang dem Licht. In 70 Jahren ist dem Basler eine unvergleichbare Sammlung an Fotografien gelungen. Auch heute, im Alter von 90 Jahren, ist «der Pionier der Konkreten Fotografie» noch immer auf der Suche nach der Fotografie in seiner reinsten Form.

Kurz vor Mittag trifft er im BelleVue – Ort der Fotografie ein. Man hört ihn kaum. Roger Humbert ist eine ruhige, bedachte Person. Umso spezieller ist diese Ausstellung in Kleinbasel. Es ist die erste ihrer Art, denn der Fotograf zeigt neben Konkreten Fotografien nun auch Werke aus seinem privaten Archiv. Reise- und Reportagefotografien aus der Schweiz, aus Frankreich, China und Amerika. Mehr als ein Jahr hat er mit Hilfe von Kurator Richard Spillmann gebraucht, um die Auswahl aus der 70-jährigen Sammlung zu treffen und sie eigenhändig zu drucken. Hinter jedem Bild gibt es eine Geschichte: «1964 rutschte ich mit meiner Rolleiflex fast eine halbe Stunde unter dem Eiffelturm herum, bis mir dieses Bild gelang. Da flogen die ganze Zeit kleine Schrauben runter», erzählt er. Und zu der Serie von Fotografien auf der holländischen Insel Marken meint er: «Wir kamen um acht Uhr Abends an und es war fünf Grad unter Null. Ich hatte zwei speziell zusammengebundene Braun-Blitze. Der Verschluss der Nikon blieb immer offen. Blende Acht.» Fast immer enden die Anekdoten mit technischen Fakten zur Aufnahme, die er sich auch nach vielen Jahrzehnten noch merken kann.

Geboren ist Roger Humbert 1929 in Basel. Nach seiner Schulzeit besucht er im Alter von 15 Jahren die Fachklasse für Grafik an der Allgemeinen Gewerbeschule Basel. Durch seinen Lehrer Theo Ballmer wird er erstmals auf die Fotografie aufmerksam: «Er hat mir damals gezeigt wie Fotogramme gehen. Ich war sofort interessiert, vor allem an der Optik und der Chemie.» Humbert ist sogar so interessiert, dass er seine Ausbildung in der Grafikfachklasse nach drei Jahren abbricht und stattdessen eine Lehrstelle als Fotograf bei Jaques Weiss antritt. «Von da an ging es einfach immer weiter», sagt er bescheiden. Direkt nach der RS arbeitet er als Assistent bei Hermann König und Gertrud Fehr an der École des Arts et Métiers in Vevey. Danach zieht er zurück nach Basel, arbeitet zehn Jahre im Aussendienst für die Firma Cliché Schwitter AG und gründet schliesslich mit dem Grafiker Rolf Vogt das Grossraum Studio Humbert+Vogt AG. Zusammen übernehmen sie Grossaufträge für namhafte Schweizer Unternehmen. «Sogar die IKEA wollte einmal ein eigenes Fotoatelier bei uns in Pratteln einrichten. Aber es gab Schwierigkeiten mit den Zollgebühren. Deshalb haben sie es dann doch in Schweden gemacht.»

Ein Doppelleben für die Kunst

Tagsüber arbeitet Roger Humbert als Werbefotograf, nachts als Künstler. Er will mit seinen Fotografien nicht bloss Gegenstände sichtbar machen, sondern das Licht an sich: «Konkrete Fotografie ist etwas ganz anderes als die Reportage-Fotografie. Ich will zeigen, was eigentlich immer da ist. Auch wenn wir es nicht sehen können.» Roger Humbert sagt oft: «Diese Dinge sind unglaublich schwierig zu erklären.» Literatur, Poesie und Philosophie prägen sein Schaffen. «Mein grösstes Interesse, neben dem Beruf, ist die Literatur. Sie hat mich immer weiter gebracht in meiner Kunst.» Aber auch Sartres Schriften gehören zur Inspiration: «Die Existenzphilosophie ist nicht lebbar. Und sie wird auch nie lebbar sein. Aber der Sinn der Existenzphilosophie ist, dass der Mensch auf sich selbst zurückgeworfen wird. Das wurde in der Kunst aufgenommen.» Das Existentielle der Fotografie sei das Licht, dass man versuche abzubilden. Die Fotografie als Objekt selbst zu zeigen, darum gehe es.

Nach etwa zwanzig Minuten Interview —in einem Moment der Unaufmerksamkeit— schwirrt der 90-Jährige ab, um etwas abseits mit dem Ausstellungsfotografen zu fachsimpeln. Worte finden sich ohnehin nur schwer für ein Werk, dessen Gedankengänge die Komplexitätsstufe der Quantenphysik erreichen. Denn mit Quantenphysik befasst Humbert sich in seinen jüngsten Werken, den Spektral-Fotografien. Sie sind die einzigen digitalen Aufnahmen der Ausstellung. «Das ist die schwierigste Arbeit, die es gibt in der Fotografie«, erklärt er. «Von diesen Bildern mache ich ungefähr 30 pro Tag. Ich arbeite immer mit Dingen, die ich bereits habe. Strukturen, Raster, Schablonen… Am Schluss dieser Elemente habe ich ein Prisma. Ein Lichtstrahl trifft auf das Prisma und eröffnet das Spektrum der Farben, die für unser Auge sonst nicht sichtbar sind.» Knapp eine Minute habe er Zeit für so eine Aufnahme. Denn der Lichtstrahl, der aufgefangen wird verändert sich aufgrund der Erdrotation. «Interessant ist, dass ich dadurch plötzlich keinen Lichtstrahl mehr habe», sagt er. So entsteht jedes Mal ein unmöglich wiederholbares Experiment, festgehalten als Fotogramm. «Eigentlich sollte es tief hinein in das Hirn der Menschen. Dass es eine andere Welt gibt, wo wir all dies sehen können. Es fällt uns einfach nicht mehr auf», fügt er nachdenklich an.

«Roger Humbert, infatigable explorateur de la lumière»

Par Corina Rainer, journaliste
10 octobre 2020

Roger Humbert a consacré presque toute sa vie à la lumière. En 70 ans, le photographe bâlois a constitué une collection de photographies incomparable. Aujourd’hui encore, à l’âge de 90 ans, «le pionnier de la photographie concrète» est toujours à la recherche de la photographie dans sa forme la plus pure.

Peu avant midi, il arrive à BelleVue – Ort der Fotografie. On l’entend à peine car Roger Humbert est une personne calme et réfléchie. Son exposition au Petit-Bâle est spéciale, car la première dans laquelle le photographe montre, en plus de photographies concrètes, des œuvres de ses archives privées. Photographies de voyage et de reportage en provenance de Suisse, de France, de Chine et d’Amérique. Avec l’aide du conservateur Richard Spillmann, il lui a fallu plus d’un an pour faire une sélection dans 70 ans d’images, et pour les tirer lui-même.

Il y a une histoire derrière chaque photo: «En 1964, j’ai glissé mon Rolleiflex sous la Tour Eiffel pendant près d’une demi-heure jusqu’à ce que je réussisse à faire cette photo. Des petites vis tombaient tout le temps», dit-il. Et à propos de la série de photographies prises sur l’île néerlandaise de Marken, il raconte: «Nous sommes arrivés à 20 heures le soir et il faisait cinq degrés sous zéro. J’avais deux flashes Braun spécialement reliés. L’obturateur du Nikon restait toujours ouvert. Ouverture huit.» Presque toujours, les anecdotes se terminent par des faits techniques sur la photographie, dont il peut se souvenir même après plusieurs décennies.

Roger Humbert est né à Bâle en 1929. Après avoir terminé ses études, il a suivi la classe spécialisée en graphisme à l’Allgemeine Gewerbeschule de Bâle à l’âge de 15 ans. C’est son professeur, Theo Ballmer, qui l’a sensibilisé à la photographie: «Il m’a montré comment fonctionnent les photogrammes. J’ai tout de suite été intéressé, surtout par l’optique et la chimie». Humbert est même tellement intéressé qu’il interrompt sa formation dans la classe de graphisme après trois ans et prend à la place un apprentissage de photographe avec Jaques Weiss. «A partir de là, ça n’a fait que continuer», dit-il modestement. Directement après son école de recrue à l’armée, il travaille comme assistant de Hermann König et Gertrud Fehr à l’École des Arts et Métiers de Vevey. Il retourne ensuite à Bâle, où il travaille pendant dix ans dans la vente sur le terrain pour l’entreprise Cliché Schwitter AG. Après quoi il fonde Grossraum Studio Humbert+Vogt AG avec le graphiste Rolf Vogt. Ensemble, ils prennent des commandes importantes pour des entreprises suisses bien connues. «Même IKEA a voulu un jour créer son propre studio photo ici à Pratteln. Mais il y a eu des difficultés avec les droits de douane. Ils ont donc décidé, au final, de le faire en Suède.»

Une double vie pour l’art

Le jour, Roger Humbert travaille comme photographe commercial, la nuit comme artiste. Avec ses photographies, il ne veut pas seulement rendre les objets visibles, mais la lumière elle-même: «La photographie concrète est quelque chose de complètement différent de la photographie de reportage. Je veux montrer ce qui est réellement toujours là. Même si nous ne pouvons pas le voir». Roger Humbert répète souvent que «Ces choses sont incroyablement difficiles à expliquer». C’est que son travail est influencé autant par la littérature que par la poésie et la philosophie. «Mon plus grand intérêt, en dehors de ma profession, est la littérature. Laquelle m’a toujours maintenu à la pointe de mon art.» Mais les écrits de Sartre font aussi partie de son inspiration: «La philosophie existentielle ne peut être vécue. Et ce ne sera jamais le cas. Mais le sens de la philosophie existentielle est que l’homme est rejeté sur lui-même. Cela a été repris dans l’art. L’aspect existentiel de la photographie est la lumière que vous essayez de capter. Montrer la photographie comme un objet en soi, voilà de quoi il s’agit.»

Après une vingtaine de minutes d’interview —profitant d’un moment d’inattention de ma part— l’artiste de 90 ans se met à parler boutique avec le photographe qui couvre l’exposition. Façon subtile de dire sa passion pour la technique photographique et de sous-entendre que les mots sont difficiles à trouver pour expliquer son œuvre, dont les processus de pensée atteignent le niveau de complexité de la physique quantique. Car c’est précisément de cela que traitent les travaux les plus récents d’Humbert, regroupés sous le nom de photographies spectrales. Ce sont les seules photographies numériques de l’exposition. «C’est le travail le plus difficile qui soit dans le domaine de la photographie», explique-t-il. «Je prends environ 30 de ces photos par jour. Je travaille toujours avec des choses que je possède déjà. Des structures, des grilles, des modèles… A la fin du processus, j’utilise un prisme. Un faisceau de lumière frappe le prisme et ouvre le spectre des couleurs qui sont autrement invisibles à nos yeux». Il a alors à peine une minute pour réaliser une image, parce que le faisceau de lumière qui est capté change en raison de la rotation de la Terre. «C’est intéressant que je n’aie soudain plus de faisceau lumineux, dit-il. De cette façon, une expérience impossible à répéter est créée à chaque fois, capturée sous forme de photogramme. En fait, il y a au plus profond du cerveau humain un autre monde où nous pouvons voir tout cela. Mais nous ne le remarquons plus», ajoute-t-il avec délicatesse.

«Ad rem»

Wörtlich bedeutet «Ad rem» so viel wie «zur Sache». Denn die Ausstellung im Basler BelleVue thematisiert den Ursprung der Fotografie: das Abgebildete und den Abbildungsvorgang. Vereint wird die Auswahl unter dem Aspekt der technischen Intelligenz. Sie ist auf den Bildern auf zwei Ebenen vorzufinden: inhaltlich und technisch. Sei es eine Aufnahme der Cheops-Pyramiden in Ägypten oder niederländische Fachwerkhäuser auf der Insel Marken, die Golden Gate Brücke oder die Chinesische Mauer. Sie alle stellen Begegnungen mit dem Licht dar. Sie zeigen die Fotografie als Form der technischen Intelligenz, die unser Sehen prägt und Dinge sichtbar macht, die dem menschliche Auge sonst verborgen bleiben. Die Fotografie hat die menschliche Wahrnehmung nachhaltig verändert. Deshalb vielleicht auch das Bild eines Auge, das direkt beim Eingang hängt mit dem Titel: «Eyes see better than words.»

«ad rem – Photographie als Technische Intelligenz»

BelleVue – Ort für Fotografie Basel

Bis 01. November 2020

Öffnungszeiten
Samstag und Sonntag, 11 bis 17 Uhr

«Ad rem»

Le terme «Ad rem» signifie littéralement «à la chose». Car l’exposition à BelleVue, à Bâle, se concentre sur les origines de la photographie: ce qui est dépeint, et le processus de reproduction. La sélection est réunie sous l’aspect de l’intelligence technique. On le retrouve à deux niveaux dans les images: en termes de contenu et de technologie. Que ce soit une photographie des pyramides de Chéops en Égypte, ou des maisons à colombages hollandaises de l’île de Marken, du pont du Golden Gate ou de la Grande Muraille de Chine. Elles représentent toutes des rencontres avec la lumière. Elles montrent la photographie comme une forme d’intelligence technique qui façonne notre vision et rend visibles des choses qui autrement resteraient cachées à l’œil humain. La photographie a changé à jamais la perception humaine. C’est peut-être la raison pour laquelle l’image d’un œil est accrochée à l’entrée de l’exposition avec le titre: «Les yeux voient mieux que les mots».

«ad rem — La photographie comme intelligence technique»

BelleVue – Ort für Fotografie, Bâle

Jusqu’au 1er novembre 2020

Heures d’ouverture
Samedi et dimanche, de 11 à 17 heures


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