«Sous le signe du «Hasard des choses», le Festival Images Vevey fait la part belle aux photographes et artistes visuels suisses»

Jusqu’au 27 septembre prochain, le Festival Images Vevey propose son habituelle immersion bisannuelle dans la photographie en investissant la ville tant à l’extérieur (places, quais, rues, murs, jardins, etc.) qu’à l’intérieur de divers lieux allant du petit local utilisé par une association à la grande Salle del Castillo ou au Musée de l’appareil photographique. 49 points de la ville sont ainsi investis par l’image photographique, dont un bon tiers dédiés à des artistes suisses.

Pas moins de 19 artistes (dont certains sont en fait des duos…) représentent la Suisse au Festival Images Vevey, qui a pris possession de la capitale de la Riviera jusqu’au 27 septembre 2020. Cela représente donc un tiers de la programmation internationale de la manifestation, ce qui est un signe évident, pour ceux qui en douteraient encore, de la vivacité de la photographie dans notre pays!

Sous le thème général de «Unexpected. Le hasard des choses», les travaux présentés par nos concitoyens sont parfaitement dans l’esprit d’Images Vevey: diversifiés dans leurs formes (de la présentation classique à l’installation), les supports utilisés (tirages, projections, vidéos) et leurs «climats» (ludique, informatif, documentaire, poétique, etc.).

Dans cette sélection, il y a quelques artistes dont les travaux ont déjà été salués par des prix et exposés tant en Suisse qu’à l’étranger. Ainsi le travail de Yann Gross et Arguiñe Escandón (lire l’interview de Photoagora.ch) avec leur projet «Aya», celui de Benoît Jeannet, «Escape from Paradise», artiste neuchâtelois qui fait partie des Foam Talent 2020 (lire l’article de Photoagora.ch), ou encore «Ruches», d’Aladin Borioli, artiste dont un autre travail a été présenté à l’exposition Format cet été (lire l’article de Photoagora.ch).

Des artistes suisses confirmés sont également présents. En premier lieu le duo Peter Fischli / David Weiss, dont on peut découvrir la vidéo intitulée«Der Lauf der Dinge», court-métrage expérimental réalisé en 1987. Il y a également le Saint-gallois Beni Bischof, dont est présenté le projet «Intensity intensifies», constitué de stories réalisée pour Instagram pendant le confinement. Enfin Céline Burnand propose «Al Hayat – La Maison des Vivants», plongée dans les archives de son arrière-grand-père, René Burnand, médecin spécialiste de la tuberculose, qui s’en est allé en 1928 au Caire pour habiliter un hôpital destiné au traitement de patients atteints de cette maladie.

A l’instar de Céline Burnand, plusieurs artistes utilisent des images d’archives dans leurs travaux. C’est une démarche devenue courante dans la photographie contemporaine, dont on peut apprécier des usages différents chez Aladin Borioli ou Benoît Jeannet, mais surtout dans «Ice, Birds and Fire» de Batia Suter, qui nous amène à revisiter des photographies tirées de magazines en les décontextualisant, et dans «Holding the Camera» d’Alberto Vieceli, qui a collecté un grand nombre de documents tirés de manuels d’utilisation d’appareils photographiques montrant comment tenir la caméra.

Pour achever ce survol, non exhaustif, de la présence d’artistes helvétiques au Festival Images Vevey, j’évoquerai deux accrochages qui m’ont particulièrement intéressé. En premier lieu le projet «I Am Afraid, I Must Ask You To Leave» du Suisse Julian Charrière en collaboration avec l’artiste allemand Julius von Bismarck. Celui-ci consiste en photographies et vidéos montrant la destruction par explosifs d’arches en pierre millénaires d’un parc naturel américain. Leur découverte suscite l’indignation de nombreux citoyens et médias, qui s’interrogent par ailleurs sur leur véracité. Ce travail fait donc réfléchir sur le statut des «Fake news», dont on parle tant depuis l’accession de Trump à la présidence des Etats-Unis.

En second lieu, les photographies et vidéos de la série «Lux in tenebris», de Vincent Jendly, méritent vraiment le détour. Ce projet, réalisé «avec le soutien de Suisse-Atlantique, en hommage à tous les marins du monde», nous plonge dans le monde des cargos avec une magnifique densité. Constituée d’images prises de nuit, durant des tempêtes ou dans des froids glaciaires, la série nous «embarque» littéralement dans un univers à la fois mystérieux et monstrueux, tant la force de la mer, et celle de ces gigantesques vaisseaux jaillit des images. Un travail en tout point remarquable.

Festival Images Vevey

Vevey (VD)
Jusqu’au 27 septembre 2020
Tous les jours de 11 à 19 heures.
Le Festival est gratuit.


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